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David Décamps : une capture poétique de la vie urbaine

À la rencontre de

Malia Gnazale – 15 aout 
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Il y a quelques semaines, nous sommes allées à la rencontre de David Décamps, photographe. Lors de cet échange, il nous a fait part de sa vision de la photographie de rue.

• • • De rêves d'enfance à photographe de rue

David Décamps, photographe et illustrateur, s'est taillé une place dans le monde de la photographie de rue malgré un parcours artistique peu traditionnel. Enfant, il rêvait d’être architecte.

« Il se trouve que j'étais nul en maths, donc c'était un peu compliqué », explique-t-il avec humour.

Bien qu'il n'ait pas poursuivi cette carrière, il reconnaît que cette passion a influencé sa vision de la photo. Ses premières explorations en photographie de rue étaient souvent centrées sur les bâtiments et les structures urbaines. Aujourd'hui, son attachement pour le côté carré de l’architecture se voit dans ses photographies, marquées par un sens aigu du cadre et de la composition, révélant une subtile connexion entre ses rêves d'enfance et sa réalisation artistique actuelle.

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Contrairement à de nombreux artistes, qui suivent un parcours académique artistique, David a d'abord orienté ses études vers la communication. Son intérêt pour la photo a été éveillé par son frère aîné, qui pratiquait cet art. « En tant que petit frère, je suivais un peu ce qu'il faisait. Je trouvais ça intéressant. Ensuite, il a un peu lâché, mais moi, j'ai continué. Cela me plaisait de voir ce que l’on pouvait faire avec un appareil photo, notamment dans la rue », explique-t-il.

• • • Le tournant photographique de David Décamps
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Une photographie en particulier, intitulée « Liberty », a marqué un tournant dans sa carrière. « C'est une photo d'un pigeon qui déploie ses ailes devant un building que je voulais prendre. Je souhaitais juste prendre le building au départ, et ensuite cet oiseau est apparu. » Cet événement l’a incité à poursuivre la photographie de rue. Avec le temps, son regard s'est déplacé des bâtiments vers les gens, enrichissant ainsi sa pratique. Aujourd'hui, il continue d'explorer et de capturer les scènes urbaines avec une sensibilité particulière pour les moments éphémères de la vie quotidienne. Ses œuvres, exposées régulièrement, offrent un regard unique et poétique sur la vie urbaine.

• • • Une exploration du quotidien 

« Je me promène toujours avec mon appareil photo, et je vais prendre en photo ce qui me frappe, ce qui m'émeut, ce qui me touche, des situations qui se révèlent un peu devant moi. » Sa pratique est marquée par une grande spontanéité et une observation minutieuse. « Je n’ai pas vraiment de journée type quand je vais dans la rue, c’est spontané. C'est vraiment de l'observation à 100% et une attention particulière. », confie-t-il.

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Prosper, Paris, 2021 – David Décamps

David Décamps se distingue par sa capacité à capturer l'ordinaire et à le transformer en quelque chose de visuellement et émotionnellement frappant. Par son regard attentif, il parvient à dévoiler des aspects souvent négligés du quotidien, offrant ainsi une perspective unique et touchante sur la vie de tous les jours.

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The Past, Paris, 2024 – David Décamps

Sa dernière œuvre, une photographie intitulée « The Past », prise à la volée, capture une dame avec un regard intense et réfléchi. « C'était vraiment rigolo de voir ce regard dans la rue, presque figé. Donc, je me suis mis près d’elle, je suis passé, j'ai pris la photo », raconte David.

« C'est une photo qui me plaît beaucoup, parce que je la trouve très intime, on se demande à quoi elle pense, ce qu'elle regarde », dit-il. 

• • • Un photographe de rue inspiré par les maîtres de l'art

David trouve l'inspiration dans divers domaines artistiques, y compris la littérature. « Il y a des écrivains qui m'ont inspiré, que ce soit dans la BD ou certaines lectures tels que lorsque j’étais plus jeune « L’attrape-cœurs » de Salinger, « Le monde selon Garp » de John Irving, ou encore plus récemment « Les racines du ciel » de Romain Gary et « Les raisins de la colère » de Steinbeck ont été des ouvrages marquants dont certains passages très « photogéniques » habitent encore aujourd’hui mon inconscient et, je pense, m’inspire dans la capture de certaines scènes du quotidien », dit-il. 

Dans le domaine de la photographie, deux figures ressortent particulièrement pour David. « Il y a forcément Robert Doisneau qui revient, mais la figure principale, c’est Joel Meyerowitz, qui n'est pas forcément le plus connu des photographes de rue, mais lui, c'est vraiment le top pour moi », déclare-t-il. Meyerowitz est admiré pour son approche humaine et sa grande conscience de l'art de la photographie de rue.

Ainsi, bien que David Decamps soit autodidacte, son parcours est riche en influences diverses qui enrichissent sa pratique de la photographie de rue. Ses inspirations multiples et sa passion pour capturer la vie urbaine font de lui un artiste à part entière, dont les œuvres continuent de captiver et d'inspirer.

• • • L'essence du noir et blanc en photographie de rue
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You are back, New York City, 2022 – David Décamps

« Il y a différentes raisons qui expliquent mes photos en noir et blanc, mais la première, c'est le côté intemporel que j'aime beaucoup », explique-t-il.

David trouve que cette palette chromatique apporte une dimension esthétique unique à ses photos. « Parfois, j'ai l'impression de voir les scènes en noir et blanc avant de les voir en couleurs », dit-il. Bien qu'il réalise également des photos en couleur, son choix du noir et blanc n'est pas seulement une question de style, mais une véritable approche artistique qui capture l'essence poétique de la vie urbaine.

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               Up Happiness, Gensac, 2020 – David Décamps

Pour préserver l'authenticité de chaque instant capturé, David travaille rapidement ses photos sur Photoshop avec un traitement minimaliste. « Je bascule la photo en noir et blanc, je retouche un petit peu le contraste et la luminosité. C'est vraiment ultra léger », précise-t-il.

Cette méthode prenant généralement une minute, lui permet de rester concentré sur l'émotion du moment plutôt que sur les aspects techniques. Pour lui, une photo ratée ne peut être corrigée par des retouches. « Si la photo est ratée, si j'ai raté l'instant, ou l'expression du visage ou d'une scène que je voulais capturer, c'est trop tard. » Cette philosophie met en avant l'importance de la capture authentique et spontanée des scènes de rue, privilégiant le moment vécu sur le terrain plutôt que des corrections post-production étendues. Ainsi, le travail du photographe se distingue par sa simplicité et son efficacité, mettant en lumière la puissance du moment capturé plutôt que les artifices techniques.

• • • Une rencontre inoubliable à Paris

David raconte une expérience survenue en 2021 à Paris. En se promenant dans les rues de la ville, il est tombé sur un couple mangeant une pizza sur un banc de manière assez insolite, « à califourchon, face à face comme s'ils étaient au restaurant », se souvient-il. Capturant ce moment spontané, David a pris une photo du couple avant de les approcher pour demander s'il pouvait les photographier de plus près. Bien qu'il interagisse rarement avec ses sujets, cette fois-ci, il a échangé avec eux et découvert qu'ils étaient autrichiens. 

Puis l’artiste leur a laissé sa carte, proposant de leur envoyer la photo. Alors qu'il s'éloignait, la femme l'a rattrapé pour lui demander s'il prenait des photos de mariage. Acceptant l'invitation, David s'est donc retrouvé à photographier leur mariage trois jours plus tard. À la fin de la cérémonie, il a demandé au couple de se replacer en tenue de mariés sur un banc, feignant de manger une pizza, en clin d'œil à leur première rencontre photographique. « C'était une histoire plutôt marrante », conclut-il.

Cette anecdote illustre parfaitement l'essence du travail de David Decamps : capturer des moments authentiques et spontanés, tout en créant des connexions humaines uniques.

• • • Sa philosophie : liberté et spontanéité 

Le photographe aborde son art avec une philosophie de liberté et de spontanéité, refusant de se mettre la pression. « Je n'ai jamais eu à faire face à des défis particuliers. Je ne me suis jamais mis de pression en tant qu'artiste et photographe. Pour moi, ça a toujours été une liberté. C'est presque thérapeutique comme activité », explique-t-il. Cette approche lui permet de se concentrer sur ce qui lui plaît, tout en étant touché lorsque ses œuvres résonnent avec les autres.

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Rain Tears, Paris, 2018 – David Décamps

David adopte une attitude détendue et fluide envers sa pratique artistique. « Je ne me mets pas de limites, mais je ne me mets pas non plus d'objectifs. Je suis comme sur une petite barque, je vogue et je profite des instants que me procure la photographie de rue », dit-il. Cette absence de contraintes rigides lui permet de profiter pleinement de chaque moment, capturant des scènes authentiques et spontanées qui caractérisent son travail. Pour David, la photographie reste avant tout une source de plaisir et d'expression personnelle, où chaque instant est une opportunité de créer, sans pression ni attentes.

• • • L'Impact de l'intelligence artificielle sur la photographie : l'analyse de David Décamps 

David porte un regard réfléchi sur l'évolution de la photographie à l'ère des technologies avancées, notamment l'intelligence artificielle (IA). « Pour la petite histoire, je travaille aussi pour une association suisse qui s'appelle PersonalData.IO qui sensibilise aux questions des données personnelles, aux différents moyens de défendre ses droits liés aux données personnelles, aux différents impacts de ses dernières… », explique-t-il. Cette implication l'a amené à s'intéresser de près à l'IA.

« L’IA n’est pas un outil neutre, miracle et peut engendrer plus de problèmes que de solutions »

David souligne que l'IA est basée sur le machine learning et fonctionne donc en agrégeant et en régurgitant des données sans conscience ni émotion. « Pour moi, ce n'est pas de la concurrence puisqu’il n'y a pas de conscience. La production de photographies, par exemple, même si parfois c'est très bluffant, ça reste un apprentissage sans conscience, sans émotion », dit-il. Il compare cela à une personne qui apprend un poème par cœur sans en comprendre ou en ressentir l'émotion. « Si on demande à une intelligence artificielle de nous expliquer son processus artistique, qu'est-ce qui l'a touché, ce sera toujours quelque chose de très robotique puisque c'est juste une machine. »

En outre, l’artiste rappelle que l'IA et les technologies associées nécessitent des ressources considérables et ont un impact environnemental important. « On a tendance à oublier que ces machines nécessitent de gros investissements logistique, notamment du point de vue du refroidissement nécessaire à leur fonctionnement et donc une consommation d'énergie d’eau colossale... L’IA n’est pas un outil neutre, miracle pour tout, et peut à terme, au contraire, engendrer plus de problèmes que de solutions. C'est donc hyper important de réfléchir aux utilisations qu'on en fait, et aux conséquences de ces utilisations, même en tant qu'artiste », insiste-t-il.

• • • La première vente : une expérience touchante
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Il se souvient parfaitement de sa première vente. « C’était un de mes meilleurs amis qui a acheté une de mes photographies », raconte-t-il. Ce qui l'a particulièrement touché, c'est la démarche de son ami, qui a insisté pour acheter la photo en tant qu'œuvre d'art et non comme un simple geste amical. « Il m'a dit qu'il ne voulait pas de prix particulier parce que c'était en tant qu'artiste que je lui vendais une photo, et pas en tant qu’ami. »

Pour David, cette première vente a été un moment à la fois gênant et émouvant. « Parce que c'est toujours étrange de vendre quelque chose à un ami très proche », avoue-t-il. Néanmoins, cette expérience a été très belle et touchante, marquant le début de sa reconnaissance en tant qu'artiste. Cette première vente a renforcé la confiance de David en son travail et en sa capacité à émouvoir et à toucher les autres à travers ses photographies.

• • • Votre univers artistique en 3 mots ? 

L'attention, la poésie, l'équilibre.

• • • La collaboration avec The Art Cycle 

David Decamps collabore avec The Art Cycle depuis environ 2 ans. Cette collaboration a récemment pris une dimension nouvelle :

« J’ai pu récemment faire louer mes photographies à une entreprise. Six photographies au total qui sont présentes dans l'entreprise pour les personnes qui y travaillent. La location a été renouvelé pour un trimestre tout récemment, donc je suis très content de savoir que ça plaît déjà au dirigeant d'entreprise et également aux salariés. J'espère que ça va continuer ! »


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