« Balloon Dog » 2008
Cyrielle Bisson - 13 Février 2020
Né en 1955 en Pennsylvanie, Jeff Koons est l’un des artistes les plus influents de son siècle. Certains disent qu’il est le fruit de la rencontre improbable entre Marcel Duchamp et Andy Warhol , d’autres le critiquent allègrement.
The art cycle revient sur ces dilemmes et vous explique pourquoi tant de controverses.
Voilà comment le style du designer pourrait être résumé. Grâce à ses œuvres monumentales, Jeff Koons s’interroge sur le pan consumériste de notre époque. On compte parmi ses thèmes de prédilection : des aspirateurs, des lampes, des jouets ou encore des ballons de baskets. En somme, des symboles populaires connus de tous.
« String of puppies » 1998
Jeff Koons, dans ses jeunes années développe en sculpture une obsession pour la culture américaine qui l’a vu grandir. Le designer met un point d’honneur à représenter la Low Culture (« culture d’en bas ») afin de l’immortaliser dans ses sculptures.
Après ses études d’art et de design à Baltimore, il laisse cet univers imprégner son travail. Cela aboutira à ses premières œuvres, dès 1977, faites de jouets gonflables en plastiques et d’électroménager. A cette époque, l’artiste puise encore la plupart de ses idées sur des thématiques déjà abordées dans l’art. Ainsi, ses premières œuvres s’inspirent des ready-made de Marcel Duchamp, en particulier dans le détournement des objets de leur fonction première.
« Chat sur une corde à linge jaune » 2004
Par la suite, Jeff Koons se démarque et travaille sur la provocation et les tabous liés à la place de l’artiste dans son époque. En se rapprochant du pop art, le designer fait tomber les barrières capitalistes de la société américaine en transformant l’artiste lui-même en une œuvre. C’est l‘époque de « l’objetisation » de l’artiste, qui devient à la fois le réalisateur de l’œuvre, mais également son sujet.
En supprimant toute limite avec la culture populaire Jeff Koons fait de son travail sa vie, et organise lui-même ses propres shooting publicitaires pour assurer la promotion de ses expositions.
« Split Rocker » - Les jardins de l’Orangerie à Versailles - 2008
Depuis quelques années, l’artiste est au cœur de la controverse. Devenu riche à souhait, on le dit incapable de fabriquer ses œuvres lui-même. Derrière les portes closes de son atelier à Manhattan ses chiots en porcelaine, ses lapins en acier inoxydable sont entièrement conçues par ses 70 collaborateurs. Une véritable industrie, au cœur de laquelle le designer délaye à ses employés scrupuleux et appliqués. C’est précisément ce double jeu de l’artiste sur la réalisation de ses œuvres, ainsi que le prix exorbitant de celles-ci qui alimente les principales querelles sur lui.
Ses créations sont en effet les plus chères au monde : Le dernier record en date appartient à l’oeuvre « Balloon Flower », œuvre chromée et monumentale d'un ballon de baudruche, vendue à 26 millions de dollars en 2008.
Que l’on parle du prix, de la taille ou encore de la réalisation, de nombreux aspects artistiques dérangent chez Jeff Koons. Cependant la carrière de l’artiste connaît encore et toujours un franc succès. Après une rétrospective triomphante au Centre Pompidou à Paris en 2014 c’est aujourd’hui dans la même ville Lumière qu’il inaugure sa dernière œuvre : le Bouquet de Tulipes
Jeff Koons devant un « Balloon Dog » et une version du « Bouquet de Tulipes » 2014
Jeff Koons réalise aujourd’hui des œuvres charismatiques au croisement de deux époques questionnant le rôle de l’art.
Le designer l’arbore lui-même : ses oeuvres chamboulent la hiérarchie des goûts tout en ouvrant les portes de l’art au grand public. Grâce à ces sculptures monumentales "de choses avec lesquelles tout le monde peut créer un lien", Jeff Koons stimule chez son public des thèmes appréhendés de tous : l'enfance, la sexualité, la vie. Des symboles populaires qui font oublier la controverse des œuvres en filigrane.
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