Audrey Abraham - 29 Novembre 2018
Linda Xu - Street Art : Transgresser les codes
« L’art s’est déplacé de l’objet spécialisé en galerie vers l’environnement réel urbain », c’est la formule qu’employait Allan Kaprow, en 1996, pour expliquer le phénomène du street art.
Ce mouvement artistique, né dans les années 60 aux Etats-Unis, se définit par l’environnement dans lequel il est développé : les espaces publics.
Le street artiste est indissociable d’une certaine forme de transgression et de provocation. Le questionnement de thèmes sociaux et politiques est central dans ce mouvement qui s’adresse à un public très vaste, par un biais de communication extrêmement accessible : la rue.
Si le street art s’apparente généralement à une forme d’art non-autorisé, il regroupe des techniques très variées ce qui complexifie sa définition. De nombreux médiums et supports sont utilisés. Il peut s’agir de graffiti, de mosaïque, de pochoir, de sticker art, de projection vidéo, d’installation de rue, de LED ou encore de yarn bombing, appelé également le Tricot-Graffiti.
Découvrez quelques exemples d'oeuvres Street Art :
• • • LE GRAFFITI DE LA GRèCE ANTIQUE
L’invention du graffiti remonte à plusieurs millénaires avant les années 60. A Pompéi, à l’Agora d’Athènes, dans la Vallée des rois en Egypte et même dans des temples maya au Guatemala, de tout temps les écritures murales sont pratiquées.
Les graffitis antiques étaient souvent mis au service d’annonces électorales ou en soutien à des athlètes mais ils pouvaient également avoir une dimension plus personnelle. Nombreux sont les messages à contenu érotique ayant été retrouvés.
Dans la cité d’Ephèse - actuelle Turquie - on pouvait ainsi trouver des graffitis publicitaires pour les prostituées, indiquant pour quelle somme d’argent il était possible de s’offrir leurs services.
La graffiti urbain, tel qu’il est développé depuis les années 60, voit le jour dans un contexte de fortes tensions politiques mais la vocation esthétique n’en est pas moins mise en avant.
L’usage des bombes de peinture aérosol, jusqu'alors principalement utilisées pour les carrosseries de voiture, se démocratise. Le mouvement du graffiti est lancé, avec à sa tête Darryl McCray, alias Cornbread, qui envahit les rues de Philadelphie. Très vite, la tendance s’exporte dans les autres villes, comme à New York qui en deviendra l’un des berceaux.
Les inscriptions de noms et pseudonymes sur les murs des villes se multiplient. A New York, les rames du métro sont très rapidement recouvertes de signatures d’artistes. Le but du graffiti nord-américain est, au départ, d’obtenir la reconnaissance d’autres tagueurs, d’affirmer son identité. Avec le temps, les graffeurs se regroupent.
En 1972, des artistes comme Phase 2, Coco ou encore Flint créent l’Union of Graffiti Artists (UGA). Ils exposent peu de temps après au City College et l’année suivante à la Razzor Gallery.
En 1973, le New York Magazine lance un concours de graffiti dans le métro. La technique s’exporte, sur les murs des quartiers défavorisés et dans les grandes capitales mondiales.
Elle sera largement développée à Paris en mai 68 ou encore sur le mur de Berlin qui servira d’un immense support jusqu’à sa destruction en 1989.
Si le street art est un mouvement de transgression, dans la plupart des pays, écrire sur une propriété sans le consentement de son propriétaire est considéré comme du vandalisme, lequel est punissable par la loi. Cornbread a fait sa bataille de faire comprendre aux jeunes la nuance entre graffiti constructif et vandalisme.
Après avoir participé à la création du Mural Arts program à Philadelphie pour combattre le graffiti illégal, il intervient régulièrement dans les écoles pour parler de cette art, dont personne ne pourra mettre en doute qu’il en est le pionnier.
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