Malia Gnazale - 30 novembre 2023
La sculpture est une forme d’art, mariant créativité humaine et matérialisation de formes en trois dimensions. Ancrée dans l'univers artistique, elle trouve ses racines dès la fin du Paléolithique, entre -30 000 et -10 000 ans avant J.-C. Les premières œuvres sculptées ont marqué les prémices d'une pratique artistique qui n'a cessé d'évoluer et de captiver l'imagination.
Le mot « sculpture » remonte au latin « sculpere » et signifie littéralement « tailler » ou « enlever des morceaux à une pierre ».
Les premières traces répertoriées de sculptures remontent à la préhistoire, où l'on trouve principalement des créations modelées en terre cuite. Ces premières œuvres, surnommées « Vénus paléolithiques », représentent des figures féminines et maternelles.
L’ère néolithique (9 000 av. J.-C.) marque un tournant majeur dans l'histoire de la sculpture avec l'émergence de nouveaux artistes et le développement d’autres matériaux comme la cire, la chaux, et le métal. Cette évolution a ouvert la voie à des créations artistiques plus sophistiquées, comme en témoignent les bisons en argile crue de la Grotte du Tuc d'Audoubert en Ariège, les bas-reliefs de l’abri sous roches du Roc-aux-Sorciers dans la Vienne, ou encore les monolithes sculptés de Göbekli Tepe en Turquie.
Ces sculptures révèlent une maîtrise technique en constante évolution. Elles nous offrent un aperçu précieux de l'ingéniosité créative des artistes préhistoriques, illustrant leur capacité à repousser les frontières de l'expression artistique avec les ressources et les outils disponibles à l'époque. Ainsi, l'ère néolithique a joué un rôle décisif dans la progression de la sculpture.
La sculpture connaît ses premiers moments de gloire à l’époque des antiquités grecques et romaines. Les civilisations européennes de cette période ont scruté le marbre avec une précision remarquable, perfectionnant leurs techniques pour façonner des colonnes, des bustes, et des statues grandeur nature témoignant d'un réalisme saisissant.
Le 12e siècle voit l'émergence de l'art gothique en France. La sculpture fusionne harmonieusement avec l'architecture, incarnée par des exemples tels que les gargouilles de Notre-Dame-de-Paris et le sépulcre de Richard Cœur-de-Lion.
Cette période voit également l'épanouissement de la sculpture d'ivoire à Paris au 13e siècle. Cette forme d'art délicate témoigne non seulement d'une virtuosité technique, mais aussi de la richesse artistique et culturelle de l'époque gothique, où la sculpture devient un moyen d'exprimer l'esthétique et la créativité au sein de la société.
Gargouille de Notre Dame de Paris - Droit : Wikipedia Commons
La Renaissance italienne (XIVe – XVIe) marque un nouvel âge d'or pour la sculpture, redécouvrant la beauté du nu inspirée par l'Antiquité classique. Cette période marque l’arrivée de nouveaux sculpteurs créant des œuvres emblématiques qui ont façonné l'esthétique sculpturale pour les siècles à venir. Cette redécouverte de la beauté anatomique et de la forme humaine a laissé une empreinte profonde, influençant des mouvements artistiques tels que le romantisme, le réalisme, l'impressionnisme, le symbolisme et l'art nouveau.
Au 20e siècle, la sculpture évolue dans d’autres mouvements artistiques liés davantage aux arts visuels, tels que le cubisme, le surréalisme, et l’art abstrait. Ces courants marquent une période de diversification stylistique, où les sculpteurs explorent de nouvelles formes, matériaux et concepts. Malgré cette rupture avec les styles classiques, l'influence de l'architecture persiste, démontrant une connexion continue entre la sculpture et son environnement spatial. Ainsi, la sculpture du 20e siècle représente un dialogue constant entre l'innovation artistique et l'empreinte architecturale.
César Baldaccini le pouce
La création de sculptures repose sur diverses techniques, parmi lesquelles les sculpteurs privilégient généralement quatre méthodes fondamentales.
• La sculpture se caractérise par le découpage ou l'ébranchage d'une forme à partir de matériaux brut tel que la pierre, le bois ou d'autres matériaux durs avec des outils adaptés. Cette méthode a pour but de sublimer le matériau utilisé donnant naissance à des formes spécifiques.
• Les sculptures obtenues par coulée sont élaborées à partir d'un matériau fondu, généralement un métal comme le bronze, versé dans un moule. Le processus implique le refroidissement du moule, solidifiant ainsi le métal. La coulée, dans ce contexte, relève d'un procédé additif.
• La modélisation consiste à façonner un matériau mou ou malléable (comme l’argile) pour créer une forme.
• L'assemblage dans la sculpture implique la fixation, généralement sur une armature, de plusieurs parties préalablement travaillées. Souvent associé au moulage ou au modelage, il permet de créer une œuvre en unifiant des éléments distincts.
Phidias, sculpteur et architecte de la Grèce antique, a laissé un héritage artistique monumental au Ve siècle av. J.-C. Il est célèbre pour ses contributions exceptionnelles à la sculpture classique, notamment la réalisation de la statue de l'Athéna Parthénos à l'Acropole d'Athènes. Phidias a également supervisé la décoration du Parthénon, démontrant son talent non seulement en sculpture, mais aussi en architecture. Son influence s'étend bien au-delà de son époque, faisant de lui une figure majeure de l'âge d'or de la Grèce antique et un maître incontesté de l'art sculptural.
Michel-Ange, le génie de la Renaissance italienne, s'est imposé comme l'un des plus grands sculpteurs de l'histoire de l'art. Né en 1475, il a créé des œuvres emblématiques telles que le David et La Pietà, où la maîtrise de la forme et de la composition révèle son talent exceptionnel. Son chef-d'œuvre absolu reste le plafond de la chapelle Sixtine au Vatican, une fresque magistrale qui immortalise son génie artistique et son impact durable sur la sculpture et l'art en général.
Donatello, sculpteur italien de la Renaissance, a laissé une marque indélébile dans l'histoire de l'art. Actif au 15e siècle, il s'est distingué par sa capacité à insuffler un réalisme expressif à ses œuvres sculpturales. Son chef-d'œuvre emblématique, le David en bronze, demeure un jalon significatif, incarnant la grâce et la puissance. Donatello a également joué un rôle essentiel dans l'évolution du bas-relief et a été un innovateur dans l'utilisation du bronze, laissant ainsi une influence profonde sur l'art de la Renaissance.
Horatio Greenough, sculpteur américain du XIXe siècle, a laissé une empreinte significative dans l'histoire de l'art. Né en 1805, il est surtout connu pour sa statue colossale de George Washington, installée au Capitole des États-Unis. Greenough a été un précurseur du néoclassicisme aux États-Unis, intégrant des éléments grecs dans ses œuvres. Son approche novatrice a marqué la sculpture américaine du XIXe siècle, et bien que controversée à son époque, elle a contribué à définir l'esthétique artistique en pleine émergence dans la jeune nation américaine.
Louise Bourgeois (1911-2010), artiste franco-américaine, a laissé une empreinte indélébile dans la sculpture contemporaine. Connue pour ses œuvres monumentales explorant la féminité, la sexualité et la famille, Bourgeois a introduit une perspective émotionnelle et introspective unique. Ses sculptures organiques et provocantes témoignent de son langage artistique distinct, influençant profondément l'art contemporain et consolidant sa place en tant que figure incontournable du XXe siècle.
Saúl Velázquez de Castro, formé à l'École des Arts et Métiers de Valladolid, a débuté sa carrière artistique avec l'art religieux en bois polychromé avant de se spécialiser dans la sculpture en bronze. Sa dévotion pour l'étude et la représentation du corps, magnifiant ses imperfections, guide chaque étape de la conception de ses bronzes, de leur modelage à la patine finale.
Irène Guillon a débuté en créant des bijoux ethniques. Sa curiosité l'a ensuite conduite à une formation en dessin à main levée et en maquette/cire à la BJO (Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie). Le travail sur la sculpture de la cire à fonte perdue lui a rappelé sa première expérience avec l'argile. Actuellement formée à l'atelier d'art "Terre & Feu", elle fige ses émotions dans l'argile, cherchant à transmettre une poésie visuelle et à captiver le regard des spectateurs.
Thierry Corpet expérimente diverses techniques graphiques, où formes et matières interagissent avec subtilité. Il applique la technique du cut-up, conceptualisée par William Burroughs, pour déconstruire, fusionner et recomposer les images, les recyclant et les « réincarnant » afin de refléter le cycle de la vie.
La sculpture, a évolué depuis les premières créations modelées en terre cuite, de la préhistoire au monde actuel. Des civilisations antiques à nos jours, elle a constamment marqué son empreinte, se métamorphosant au fil des époques.
PARTAGEZ CET ARTICLE !