Audrey Abraham - 16 Mai 2019
Floride, 1998, Martin Parr
Vers la fin du XXème siècle, la photographie trouve une dimension artistique au même titre que le dessin ou la peinture.
Longtemps considérée comme un simple moyen d’information ou comme un support au développement d’œuvres artistiques (cf Pop art, hyperréalisme), la photographie devient un médium artistique à part entière dans les années 80. D’un outil technique elle devient un outil créatif artistique.
Certains artistes pionniers ont placé la dimension conceptuelle au centre de la photographie.
C’est le cas de Bernd et Hilla Becher, deux artistes allemands, qui photographient les bâtiments industriels des XIXème et XXème siècles en Europe et en Amérique du Nord. Pendant près de 30 ans, ils alimentent une série de photographies intitulées "Typologie des monuments industriels". Hauts-fourneaux, puits de mine, silos, châteaux d’eau… Grâce à une technique invariable, leur œuvre se reconnaît parmi des milliers.
De manière systématique, la structure photographiée est placée au centre de l’image, isolée de son environnement. Les photographies sont ensuite présentées par série de 9, 12 ou 15 dans un accrochage dense et souvent par type d’édifice. Les typologies font également l’objet de publications.
En 1990 les hauts-fourneaux (Hochöfer) donnent lieu à un livre. En 1976, Bernd Becher ouvre la première classe de photographie artistique qu’il dirigera jusqu’en 1996.
Bernd et Hilla Becher, Typologie des monuments industriels
A la même période, aux Etats-Unis, Nan Goldin interroge la société en photographiant une toute autre réalité. Elle allie puissance émotionnelle et réalisme brutal dans de nombreuses séries dont la plupart des sujets sont ses proches, pris sur le vif.
Entre 1979 et 1995, elle réalise sa plus célèbre série : The Ballad of Sexual Dependency. Près de 700 photographies exposent ce que l’Amérique refuse de voir : drogue, prostitution, violence, milieu gay, sida, mort…
Nan Goldin, The Ballad of Sexual Dependency
En Angleterre, au même moment, l’un des artistes incontournables de la photographie contemporaine se fait connaître : Martin Parr.
Entre 1983 et 1985, il réalise la série New Brighton du nom d’une station balnéaire proche de Liverpool. Il y documente les loisirs des classes moyennes et ouvrières anglaises de la fin du XXème siècle.
Sa série la plus célèbre reste Life is a Beach qui rassemble des instants photographiés sur des plages à travers le monde, en Europe, en Chine, au Brésil ou encore au Japon.
Plage artificielle à Miyazaki, Japon, 1996. Martin Parr
La photographie contemporaine connaît également une référence française : Sophie Calle.
Au début des années 80, elle réalise des séries qui la révèlent au monde entier. Sophie Calle s’attache à capturer des instants de vie intime.
En 1979, elle demande à différents inconnus de venir passer un certain nombre d’heures dans son lit de manière à ce que celui-ci reste occupé huit jours durant. Elle les photographie et leur pose quelques questions. La série "Les Dormeurs" retient l’attention de la critique.
Quelques années plus tard, en 1986, elle réalise la célèbre série "Les Aveugles" tirant le portrait d’aveugles de naissance et leur demandant leur représentation de la beauté.
Les Dormeurs, Sophie Calle, 1979
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