Flavia Manyari - 3 mars 2022
Le portrait est au centre de la pratique artistique depuis plusieurs siècles maintenant. On assimile au portrait toute représentation, fidèle ou non, d’une personne d’après un modèle réel ou imaginaire. Le portrait était d’abord utilisé dans l’Histoire dans le but de représenter des figures influentes ou religieuses, et n’a cessé d’évoluer jusqu’à illustrer aujourd’hui le plus commun des mortels.
Les éléments qui sont prédominants dans le portrait sont le visage et son expression. À travers leurs œuvres, les artistes mettent en évidence la personnalité ou encore l’état d’âme de leurs modèles.
Portrait d’une dame couronnée, tombeau de Menna
Rapporté par Pline l’Ancien, auteur de « Histoire naturelle », le mythe fondateur du portrait serait le suivant : « Une jeune fille de Corinthe amoureuse d’un jeune guerrier qui partait pour l’étranger, dessina la ligne de la silhouette de l’ombre du visage projetée sur le mur, son père potier emplit de terre cette ligne et la modela. »
Le portrait apparaît réellement au 5e siècle avant J.C., notamment à travers la monnaie perse. Le visage des rois était immortalisé sur ces pièces.
La sculpture et la peinture sont les techniques très utilisées dans le style du portrait à travers les civilisations.
Dans l’Egypte antique, il était utilisé dans le cadre funéraire, notamment sur les sarcophages qui contenaient les momies.
La civilisation romaine est l’une des premières à vouloir représenter la réalité dans ses portraits à travers des sculptures.
Le portrait médiéval quant à lui illustre surtout des saints ou des symboles religieux, dans une époque où la religion était omniprésente.
Il faudra attendre la Renaissance pour voir apparaître les premiers portraits tels qu’on les connaît aujourd’hui. En effet, cette période est marquée par la montée de l’Humanisme, un mouvement philosophique centré sur l’individu. C’est l’affranchissement de l’humain face à la religion.
Les premiers portraits sont dédiés aux membres appartenant à la royauté et à la noblesse. Il était utilisé afin de déterminer le niveau social d’une personne. Les portraitistes influents de la Renaissance sont Léonard de Vinci, Raphaël et Greco.
Autoportrait de l'artiste Jan Van Eyck
Avant le 15e siècle, les artistes étaient considérés comme des artisans qui mettaient leurs compétences au service de la haute société. Toutes leurs œuvres étaient produites à la suite de demandes spécifiques, ce qui leur laissait peu de temps à consacrer à leurs objectifs personnels. Ce manque d’indépendance cause l’apparition tardive du premier autoportrait en Europe : l’œuvre du peintre Jan Van Eyck réalisée en 1933. Dans cet autoportrait, on découvre le visage de l’artiste belge de profil, habillé d’un grand turban rouge.
Autoportrait de l’artiste Catharina Van Hemessen
Quant au premier autoportrait féminin, c’est celui de l’artiste Catharina van Hemessen, également appelée Catherine de Hemessen en français. Mettant de côté l’idée de « muse » souvent attribuée à la femme. Ici, l’artiste se place en tant que sujet principal de son œuvre. On la voit en pleine création sur un chevalet.
La Joconde, de Léonard de Vinci
Le premier portrait choisi est l’œuvre d’art la plus connue : la Joconde, également appelée Mona Lisa.
Réalisée par Léonard de Vinci en 1506, cette peinture met en scène une femme dont l’identité est encore aujourd’hui un mystère. Toutefois, de nombreux historiens pensent qu’il s’agit de Lisa Gherardini, épouse d’un commerçant nommé Francesco del Giocondo, ce qui expliquerait le nom de la peinture. La Joconde est vite arrivée dans les mains des Français, et plus précisément dans la collection de François Ier, premier roi de France. Fascinant plus d’un, plusieurs spéculations continuent à circuler autour du contexte de création de la peinture. Cette peinture peut être observée au Louvre à Paris.
Autoportrait à l’oreille, de Vincent Van Gogh
Un autre portrait iconique de l’histoire de l’art est l’œuvre de Vincent Van Gogh, qu’il réalise en 1889. Cet autoportrait témoigne des événements tragiques qui ont lieu dans l’atelier de Gauguin et Van Gogh à Arles, et durant lesquels le peintre hollandais perd son oreille droite. À la suite de cet accident, Van Gogh peint deux autoportraits qui le mettent en scène avec l’oreille coupée. Cet autoportrait est à Londres à la Galerie The Courtauld.
La jeune fille à la perle, de Johannes Vermeer
En 1665, le peintre Johannes Vermeer de Delft réalise l’une des œuvres les plus représentatives du mouvement baroque : La jeune fille à la perle.
Ce qui attire le plus dans cette peinture, c’est l’utilisation d’une boucle d’oreille comme point focal de l’œuvre. La lumière, les textures et la perspective sont des éléments cruciaux qui attirent l’œil du spectateur. Passant de la propre fille du peintre jusqu’à la servante, l’identité du modèle fait partie d’un des sujets faisant le plus débat. Également appelée La Mona Lisa hollandaise, on peut retrouver cette peinture au musée Mauritshuis qui se situe aux Pays-Bas.
Portrait d’Adele Bloch Bauer I, Gustav Klimt
Plus connue comme la « Dame en Or », cette œuvre du peintre autrichien Gustav Klimt met au centre la Femme. Le modèle de cette peinture est Adele Bloch-Bauer, une femme en avance sur son temps, qui prônait la liberté et l’apprentissage des femmes.
Cette œuvre fait partie du « Cycle d’or » de Klimt, celui-ci ayant débuté en 1902. Pendant cette période, le peintre décide d’intégrer tout autant la couleur dorée que le papier doré et la feuille dorée dans toutes ses œuvres. Le portrait est visible à la Neue Galerie à New York.
L’afghane aux yeux verts, de Steve McCurry
Pour finir la liste, nous avons choisi une photographie emblématique du genre du documentaire et du portrait. Photographie prise en 1984, l’Afghane aux yeux verts a marqué l’œuvre de l’artiste américain Steve McCurry. La jeune fille est vite devenue un symbole des guerres se déroulant dans son pays. Le photoreporter McCurry a pris cette image de Gula lorsqu’elle vivait dans un camp de réfugiés au sein de la frontière entre Pakistan et Afghanistan. Œuvre remplie de couleurs, à la fois par les yeux verts et le foulard rouge, l’identité de Gula ne fut découverte qu’en 2002. Vous pouvez découvrir ce portrait au musée Maillol à Paris.
Il est possible de ranger le portrait en plusieurs catégories. Tout d’abord, par le cadrage : à pied, en buste, assis, de dos, de face, etc. Puis, par les différentes intentions voulues derrière les œuvres : le portrait psychologique, documentaire, allégorique et plus encore.
Le portrait psychologique cherche à transmettre des sensations et pensées qu’on retrouverait dans l’âme du sujet. À travers les émotions captées, l’œuvre cherche à dévoiler la réalité sociale de l’individu : la tristesse, la beauté, l’amour et les abus.
Le portrait documentaire est surtout utilisé par les photojournalistes, afin d’informer et de montrer de manière naturelle la réalité de faits produits dans le monde réel.
Le portrait allégorique met au centre des personnes célèbres, telles que les figures révolutionnaires ou encore le président. Il s’agit de montrer son respect à l’individu pris comme modèle.
Il existe encore d’autres types de portraits qui sont publicitaires, photographiques ou encore sculptés.
Chevaleret, 12h45 de PH Planquelle
Artiste dessinateur, PH Planquelle présente une dizaine de portraits au fusain principalement en noir et blanc. De profil, de face ou même assis, les portraits de l’artiste mettent au centre la réflexion sur soi et sur notre existence. Il pratique le dessin au fusain pour le caractère brut et contrasté de ce médium, qui sert son propos sur le thème de l’effacement de l’individu.
Deep Water de Valdane
Duo d’artistes marseillaises, Valdane propose divers portraits ayant comme sujet principal la femme. Elles mettent l’accent sur le regard qui transmet toutes les émotions.
Last One de Céline Achour
Artiste peintre parisienne, Céline Achour met l’humain au cœur de son travail. Ses portraits se focalisent sur les émotions, les sentiments ou les tourments du modèle. Son œuvre traite des sujets universels dans lequel chacun peut se retrouver : la solitude, la différence, la violence des sentiments, la sexualité et d’autres encore. Elle prend son inspiration de tout ce qui l’entoure, en commençant par le cinéma, la mode ou les paysages qu’elle admire.
L’art du portrait est un genre constamment en évolution et auquel il est impossible de trouver une seule définition. Finalement, ce qu’on détache surtout dans chaque portrait, c’est l’attention donnée au modèle et ce qu’il veut transmettre.
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