Flavia Manyari - 28 Avril 2022
Cette semaine, The Art Cycle s’intéresse à l’un des genres artistiques phares de la « pop culture » : la bande dessinée.
Popularisée au XXème siècle, la bande dessinée fait partie, aux côtés du cinéma, de la vidéo et des dessins animés, du grand groupe qu’on appelle l’art séquentiel. Se basant sur la succession d’images « selon un ordre réfléchi », la bande dessinée se décrit avant tout par l’art d’élaborer une narration graphique. Dans cet article, on parcourt la naissance de cette pratique artistique ainsi que son évolution au cours du temps.
Chasse et pêche dans le marais, Égypte
Antérieur à l’écriture, c’est dès la préhistoire que les humains commencent à utiliser l’art graphique dans le but de représenter et de raconter des histoires, des aventures ou encore des légendes de leur époque. Les deux techniques artistiques reconnaissables de cette période étaient l’art rupestre, « peinture et gravure sur rocher », et l’art pariétal, « peinture et gravure sur des parois de grotte ». On devra attendre l’Égypte antique pour voir surgir la première rencontre entre écriture et illustration, et ce notamment à travers les hiéroglyphes, système d’écriture à base de symboles et figures s’apparentant à certains objets du quotidien.
Pendant plusieurs siècles, que ce soit à travers les peintures égyptiennes, les vases grecs ou encore les fresques romaines, les images étaient utilisées comme un moyen de retracer des événements et d’illustrer des figures religieuses.
Napoleon and Skeleton, Thomas Rowlandson
Le XIXème siècle marque l’émergence des premières « histoires en images » comme on les connaît aujourd’hui, notamment à travers les dessins satiriques et les caricatures de plus en plus populaires en Europe.
Au sein d’un contexte politique et social des plus ardents, l’illustrateur anglais Thomas Rowlandson publie en 1809 une série de gravures considérées par certains comme les débuts de la bande dessinée. Reprenant un texte du Dr William Combe, « Le voyage du Dr Syntaxe en quête du pittoresque » fait partie des premières illustrations à utiliser des bulles parlantes, appelées aussi phylactères.
S’inspirant de l’œuvre de Rowlandson, la première série graphique apparaît peu de temps après en Suisse. En 1837, l’artiste suisse Rudolph Töpfer publie « Les aventures de Obadia Oldbuck », un livre de quarante pages avec divers dessins accompagnés d’un récit.
Toujours au 19ème siècle, le côté caricatural et satirique de la bande dessinée commence à se manifester, notamment à travers la fameuse histoire intitulée « Max et Moritz » et publiée dans plusieurs journaux en 1859. Créé par Charles Ross, on attendra 1867 pour voir naître le premier personnage d’une bande dessinée, Ally Sloper.
The Yellow Kid
Réunissant tous les éléments précédents, c’est néanmoins avec « The Yellow Kid », de Richard Felton Outcault, que l’on commence à parler de « bande dessinée » ou de « comic ». Faisant son apparition à la fin du XIXème siècle au sein du journal américain le New York World, « The Yellow Kid » était connu à la fois pour son personnage atypique appelé Mickey Dugan et l’usage innovateur des dialogues. Aux États-Unis, c’est la première fois qu’on voyait un illustrateur utiliser des bulles afin d’y insérer les paroles prononcées par chaque personnage. Popularisées depuis ce jour, les bulles font maintenant partie intégrante de l’art de la bande dessinée.
Si les premières revues consacrées à la bande dessinée surgissent vers la fin du XIXème, c’est durant le siècle suivant qu’on verra naître le premier ouvrage de bande dessinée, intitulé « Funnies on Parade ». Ce livre reprend les tirages publiés mensuellement dans la revue The Funnies en 1910.
Dès les années 20, on peut donc voir la bande dessinée commencer à se populariser, et ce notamment à travers la naissance de personnages emblématiques tels que Popeye, Winnie l’Ourson ou encore Tintin.
Mafalda de Quino et Dreamland de Remo Lemaire
Étant en partie basée sur de la narration, il est tout naturel que la bande dessinée reprenne les divers genres de la littérature. En passant par le western, avec Lucky Luke ou Blueberry, à la science-fiction, avec L’Incal et La Caste des Méta-Barons. La bande dessinée offre des histoires pour tous les goûts. Toutefois, il existe deux genres spécifiques à la bande dessinée : le comic strip et le manga.
Garfield, Mafalda et Snoopy sont considérés comme des comic strips, c’est-à-dire des histoires qui peuvent être racontées en quelques cases uniquement. On parle aussi de comic strip pour désigner les bandes dessinées qui sont destinées à être publiées une fois par jour. Le format des comic trips est notamment très populaire sur les réseaux sociaux, où de nombreux illustrateurs publient presque quotidiennement des petites anecdotes sous forme de bandes dessinées.
Bande dessinée japonaise, le manga se caractérise avant tout par les dessins en noir et blanc et son petit format de livre de poche. Aujourd’hui considéré comme un phénomène social, le manga ne cesse de se diversifier tout en gardant ses propres codes. Ces livres japonais ont pris une telle ampleur que plusieurs illustrateurs occidentaux ont adapté leur ouvrage à ce format. C’est le cas notamment de « Dreamland » ou encore « Dofus », deux séries françaises de mangas publiées au début des années 2000.
WILL EISNER
Père du roman graphique, Will Eisner est connu à la fois pour être le créateur du fameux personnage « The Spirit », mais également pour avoir popularisé le genre de la bande dessinée chez les adultes. Quand la série, « The Spirit », est publiée, elle attire l’attention de nombreux critiques, dont plusieurs cinéphiles, notamment pour les effets de lumières et d’ombres qu’on retrouvait sur les planches. Aujourd’hui, l’un des prix les plus prestigieux de l’industrie de la bande dessinée tient le nom de l’illustrateur et auteur américain : « le prix Eisner ».
OSAMU TEZUKA
Nombreux sont les surnoms utilisés pour parler du grand auteur de bande dessinée japonaise, Osamu Tezuka. Avec son ouvrage phare « Astro Boy », il contribue non seulement à établir les bases du manga mais aussi à l’exporter en dehors des frontières japonaises. C’est dans les années 50, au sein d’un des plus grands magazines de manga de l’époque, que le public verra naître le personnage qui marquera toute la carrière de l’auteur japonais : Astro Boy. Tout comme Will Eisner, un prix d’excellence a été créé à son effigie en 1997.
JACK KIRBY
Auteur et illustrateur américain, Jack Kirby est considéré, aux côtés de Will Eisner, comme l’un des noms les plus influents de l’histoire de la bande dessinée américaine. Le dessinateur est notamment connu pour avoir co-créé avec l’illustrateur Stan Lee la majorité des personnages de Marvel, l’une des principales maisons d’éditions américaines de comics. Ses personnages, tels que Les Quatres Fantastiques, X-Men ou encore Avengers, continuent d’être appréciés par les nouvelles générations et ne cessent d’être repris dans différentes adaptations cinématographiques.
Vive le Feu ! de François Olislaeger
Depuis le 15 avril dernier, l’Espace Jacques Villeglé, à Saint Gratien, organise une exposition autour de la BD intitulée « Vive le Feu ! ». L’exposition parcourt l’une des œuvres de François Olislaeger, auteur de bande dessinée et performeur graphique. Au travers des vues en trois dimensions, l’artiste nous fait voyager en revenant sur les épisodes antiques comme Pompéi, ce qui l’amène à nous questionner sur les catastrophes naturelles et le rapport de l’homme à la nature.
S’articulant entre bande dessinée et peinture, l’œuvre de l’artiste fait partie des nombreux exemples illustrant le mélange de différentes techniques au sein d’un seul genre.
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5ème édition pour les Rencontres du 9ème art
Si vous ne vivez pas en Ile-de-France, c’est l’occasion de faire un tour au festival de BD en Aix-en-Provence ! Destiné aux plus petits comme aux plus grands, le festival organise 10 expositions gratuites à découvrir jusqu’au 28 mai.
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En passant par la gravure, le dessin, la peinture et finalement le numérique, l’art de la bande dessinée a su démontrer sa polyvalence depuis sa création.
Souvent considérée comme le 9ème art, la bande dessinée est une pratique artistique qui ne cesse d’évoluer aux côtés des deux arts à la base de sa conception, la littérature et les arts visuels.
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