Pétroglyphes préhistoriques dans les grottes d'Edakkal, Wayanad
Flavia Manyari - 4 août 2022
@ Photo D & P Mariottini
À la suite de l’élection de l’ancien président Léopold Sedar Senghor, de nombreux projets ont été mis en place afin d’aider à promouvoir l'art sénégalais et ses créateurs. Aujourd’hui, le Sénégal est considéré comme le lieu de rencontre principal pour une grande majorité des artistes africains. Allant de la sculpture à la peinture sous verre, cet article parcourt la diversité de styles et techniques artistiques que ce pays nous offre.
LES MASQUES
En Afrique, les objets sculptés font partie intégrante des activités traditionnelles africaines. En effet, la sculpture sénégalaise prend la forme de personnages et rites connus de tous. C’est le cas des masques en bois, objets ayant une forte symbolique religieuse partout dans le continent. Ils sont présents lors de fêtes et danses religieuses ainsi que durant des cérémonies officielles. Reproduisant un visage humain comme animal, ces masques sont souvent peu réalistes et mélangent même des caractéristiques humaines comme animales.
Masques semainiers en bois ébène
Au Sénégal, on détache un type particulier de masques : les masques semainiers, également appelés « masques des sept jours de la semaine ». À l’origine, ils étaient destinés aux populations illettrées musulmanes, et servaient ainsi de calendrier pour de nombreux foyers. Aujourd’hui, ils sont utilisés à des fins de décoration, omniprésents dans le commerce touristique et chez les collectionneurs d’art.
OUSMANE SOW : ARTISTE SCULPTEUR PIONNIER DE L'ART SÉNÉGALAIS
Ousmane Sow à la Fondation Coubertin à Saint-Rémy-les-Chevreuse en 2010 @ credits photo Raphael Gaillarde/Gamma-Rapho
Célèbre à l’échelle mondiale, l’artiste sénégalais pratique l’art de la sculpture depuis sa plus jeune enfance. Cependant, ce n’est qu’après avoir atteint la cinquantaine que Ousmane se consacre entièrement à cette pratique, et fait de cet art sa carrière. Après avoir quitté son travail de kinésithérapeute, l’artiste reconstruit son cabinet afin d’en faire son atelier de sculpture.
Lutteur debout, de l'artiste Ousmane Sow
En s’inspirant des écrits et photographies de Leni Riefenstahl, Ousmane met en œuvre sa première série de sculptures centrées sur les lutteurs Nouba. Sans chercher à donner une représentation réaliste, les sculptures d’Ousmane ont pour volonté de montrer la beauté du corps de ces individus. Réalisée durant les années 80, la série mythique de l’artiste sénégalais se fait rapidement connaître partout dans le monde.
Tout au long de sa carrière, Ousmane cherche à rendre hommage aux différentes tribus d’Afrique et d’Amérique. Connu pour la grandeur de ses sculptures, celles-ci ont pour but d’attirer le regard critique du spectateur tout en laissant une trace dans l’histoire.
Aujourd’hui, il est indéniable de dire que Ousmane Sow représente une figure importante de l’art sénégalais. Décédé en 2016 à l’âge de 81 ans, l’artiste sénégalais est inhumé à Dakar, ville dans laquelle il a passé sa vie à construire et modeler ses œuvres.
À part la sculpture, qui est une pratique sénégalaise très reconnue dans le monde entier, d’autres techniques artistiques sont omniprésentes au sein de l’art sénégalais. C’est le cas de la peinture sous verre et de la peinture de sable. Vendus à chaque coin de rue, ces deux types de peinture contribuent chaque jour au commerce de l'art Sénégalais.
LA PEINTURE SOUS VERRE
Portrait de femmes et de couples africains, de l’artiste peintre Mor Gueye
Apparue au Sénégal à la fin du XIXe siècle, la technique de la peinture sous verre est très vite répandue dans tout le pays. D’abord connue en Occident, elle a été introduite en Afrique au travers des marchands arabes et berbères puis des lettrés musulmans sénégalais. Au milieu du XXe siècle, ces peintures étaient principalement destinées à un peuple analphabète et avaient un but éducatif, religieux et spirituel.
La particularité de cette technique tient surtout à la manière de laquelle les peintures sont réalisées : dans l’ordre inverse. Les artistes commencent ainsi par les détails pour ensuite s’attaquer aux contours peints en traits fins à l’encre. Pour finaliser l’œuvre, ils posent une vitre afin de protéger la peinture et renforcer l’aspect brillant et lisse de ces tableaux.
Également appelées « suweer » en wolof (langue la plus parlée au Sénégal), les peintures sous verre représentent souvent des hommes religieux, des femmes, ou encore la campagne. Elles sont un combiné du passé et du présent. Ce savoir-faire, exporté de plus en plus dans plusieurs pays de la Sous-Région, constitue l'un des principaus moyens de promouvoir la culture sénégalaise.
Si aujourd’hui on retrouve ces peintures partout en ville, accrochées aux murs, posées sur le trottoir ou encore dans des échoppes, un artiste sénégalais est à l’origine de la montée en popularité de cette technique : Serigne Ndiaye.
SERIGNE NDIAYE
Œuvre de l’artiste peintre et plasticien Serigne Ndiaye
Né à Tivaouane dans les années 50, l’artiste plasticien commence sa carrière en dessinant sur les murs au charbon. Il fait partie de la deuxième génération de l’École de Dakar aux côtés de Sea Diallo et Anta Germaine Gaye.
Durant sa carrière, le plasticien a consacré nombreuses de ses peintures aux nomades Peuls bororos. À travers ses œuvres sous verre, il voulait montrer la noblesse et joie de vivre de ce peuple. Ses personnages étaient couverts de bijoux et d’autres attirails mettant en exergue leur beauté. Finalement, les thèmes préférés du peintre tournent surtout autour de la vie quotidienne, et notamment celle du peuple.
LA PEINTURE DE SABLE
Oeuvre réalisée par des artistes locaux à Mar Lodj
Fabriqués à partir de sable naturel, les tableaux de sable sont moins populaires que ceux sous verre. Tout comme les masques et la peinture sous verre, c’est une pratique très ancienne autrefois utilisée par les analphabètes pour inscrire les lignées familiales.
Aujourd’hui, les tableaux de sable peuvent être retrouvés dans presque toutes les régions du Sénégal, et ont un style bien différent dans chacune d’elles. Pour réaliser ces tableaux, les artistes font l’usage de sable naturel, provenant de différentes régions du pays, tels que le Lac rose ou la Petite Côte. Dans des cas plus rares, les artistes utilisent aussi la teinture.
BOUBACAR DIALLO
Tableaux de sable de l’artiste Boubacar Diallo
Bien qu’il soit né au Mali, Boubacar Diallo a grandi et fait sa carrière d’artiste au Sénégal. Durant sa formation à l’Institut des Beaux-Arts de Dakar, l’artiste rencontre un groupe d’artistes qui pratiquent la technique de peinture sur sable. C’est comme cela qu’il décide de poursuivre cette pratique. Peu de temps après, il a la chance de faire sa première exposition collective en Angleterre, organisée par une curatrice japonaise. Intitulée « Seen and not seing », l’exposition était destinée aux non-voyants.
Puisant son inspiration chez Dali, Picasso ou encore Ruben, l’artiste ne souhaite pas uniquement représenter le Sénégal au travers de son art, en effet, il pratique également la peinture classique, où il met en œuvre des figures plus abstraites que sur ses tableaux de sable.
UNE PRATIQUE ARTISANALE
Image d’une chaise en capsule @ TEKKIART
Au Sénégal, les artisans et les artistes ne font qu’un. Très souvent autodidactes, ces artistes peintres et sculpteurs fabriquent également du mobilier de maison, tels que des ustensiles de cuisine ou encore des tables de décoration. Les artisans pratiquent également l’art de la récupération, ce qui est le cas par exemple avec les chaises fabriquées à partir de capsules.
Utilisant une variété de couleurs et de matières surprenante, ces objets sont souvent vendus à des prix très raisonnables. En effet, les galeries d’art ne sont pas les seules à mettre en avant l’art sénégalais, les marchés artisanaux et bazars sont le lieu de rencontre parfait pour nombre de ces artistes et artisans à la recherche d’une reconnaissance artistique.
DAK'ART : LA BIENNALE DE L'ART AFRICAIN CONTEMPORAIN
Biennale de l’art africain contemporain @ DR
Intitulée aussi Dak’Art, la Biennale de Dakar fait partie d’un des événements les plus importants pour l’art contemporain africain, d’autant plus qu’elle se consacre exclusivement aux artistes africains. Apparue en 1990 avec une première édition dédiée à la littérature, elle englobe aujourd’hui tout type de création africaine contemporaine. La 14ème édition du festival s’est tenue du 19 mai au 21 juin dernier à Dakar et a mis en lumière plus de 59 artistes et collectifs d’artistes provenant d’Afrique et de sa diaspora.
L’art sénégalais est riche non seulement dans ses couleurs mais aussi dans sa diversité de techniques. Si les artistes africains sont encore peu connus en Afrique, leurs œuvres se font de plus en plus connaître à l’étranger, leur permettant ainsi de gagner une certaine reconnaissance artistique. Autodidactes ou issus d’écoles d’art, ces artistes participent grandement à enrichir et promouvoir la culture du pays.
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