Flavia Manyari - 11 novembre 2021
Photographe et activiste sud-africaine, Zanele Muholi est aujourd’hui reconnue mondialement pour deux choses : la beauté de son œuvre et son engagement social à travers elle.
À peine âgée de 19 ans, l’artiste s’installe à Johannesburg et intègre, plusieurs années après, l’école fondée par le photographe David Goldblatt, le Market Photo Workshop. Durant son parcours, l’artiste reçoit plusieurs prix dont le réputé Infinity Award du photojournalisme remis par le Centre International de la photographie.
"Zinzi et Tozama II"
La volonté de défendre et de documenter la vie de la communauté sud-africaine LGBTI est apparue très tôt dans la carrière de l’artiste. Dès le début des années 2000, elle co-fonde et organise plusieurs organisations et expositions autour de mêmes sujets sociaux. Après s’être fait reconnaître dans le monde entier, Zanele créé en 2009 sa propre association d’activisme visuel : l’Inkanyiso. Celle-ci, mise au service de la communauté LGBTI, a pour devise « produire, éduquer et diffuser ».
"Tshidi Legobye and Pam Limekhaya"
À travers l’utilisation de différents médias, l’artiste photographe documente la réalité des personnes queer en Afrique du Sud. Elle s’intéresse plus particulièrement aux femmes noires lesbiennes et notamment aux questions d’identité. En 2006, l’artiste initie le projet « Faces et phases » qui réunit 300 portraits de femmes. Sans artifice ni décor, la photographe capture en noir et blanc différents moments de la vie de ses modèles. À chaque rencontre, elle invite la personne à un engagement avec soi-même dans le but de transformer la photographie en objet biographique. En fin d’année 2020, la fondation Louis Vuitton expose douze tirages de la série emblématique de l’artiste.
"Face à face avec le spectateur"
Les photographies de l’artiste sud-africaine nous plongent souvent dans des jeux de regard avec la personne se trouvant de l’autre côté du cadre. Débuté en 2012, son projet « Somnyama Ngonyama » (Salut à toi, Lionne noire) place au centre des autoportraits. Chaque tirage fait objet de réponse à des moments historiques et des événements se déroulant à plusieurs endroits ou auxquels elle a pu participer. L’artiste utilise les arts visuels comme un moyen de susciter une prise de conscience autour des questions sociales et raciales.
Autoportrait "Zanele Muholi"
Finalement, l’œuvre de Zanele Muholi constitue deux facettes indissociables qui reflètent un combat vers l’engagement social et la meilleure visibilité des individus marginés en Afrique du Sud.
Née en 1953 aux États-Unis, Nan Goldin fait partie de l’un des noms indispensables à connaitre dans le monde de la photographie.
Après une enfance difficile, dont des événements traumatiques qui impacteront toute sa vie d’artiste, elle intègre l’école des arts de Boston en 1972. Déjà immiscée dans la vie nocturne et les milieux de la contre-culture, elle se lie d’amitié avec des figures emblématiques comme Philip-Lorca diCorcia ou encore David Armstrong. Peu après, ce groupe de photographes forme Les cinq de Boston. C’est durant cette période que l’artiste commence à utiliser le flash dans ses photographies.
Photo de la série "La balade de l'indépendance sexuelle"
Goldin explore et développe des sujets qui mettent au centre la violence, le sexe, la pauvreté et la mort. Souvent décrite comme scandaleuse, morbide et provocatrice, sa photographie popularise le genre documentaire « anti-glamour ». Les clichés de son ouvrage « La balade de l’indépendance sexuelle » témoignent des premières heures de l’épidémie du Sida à New York.
"Cookie in her casket"
L’artiste photographe prend comme principaux modèles son entourage et ses rencontres. À travers ses photographies, elle nous raconte son quotidien et celui de ses proches. Moments triviaux comme intimes, Nan Goldin aime capturer l’instant sans filtre et sans contrôle précis de l’objectif. Depuis ses débuts, la photographe a montré un fort intérêt pour la communauté LGBT de l’époque et plus particulièrement les drag queens qui feront l’objet principal de nombre de ses clichés.
"Jimmy Paulette on David's Bike"
Aujourd’hui, les photographies de l’artiste américaine tournent davantage autour de thèmes parallèles au surréalisme français. En 2014, l’artiste commence une nouvelle série traitant des questions d’identité à travers l’univers des enfants et des adolescents.
Pour finir, l’œuvre de Goldin donne à voir au spectateur un « moment de clarté et de connexion émotionnel » avec le sujet photographié. À travers des images percutantes et parfois dérangeantes, ses photographies nous font réfléchir sur la condition humaine.
Considérée comme l’artiste pionnière des femmes photographes au Japon, Hiromi se fait connaître en remportant le prix New Cosmos of Photography en mai 1995. À l’âge de 19 ans, elle est nominée par le photographe réputé Nobuyoshi Araki pour sa série de photographies intitulée « Seventeen Girl Days » qui montre la vie du point de vue d’une adolescente. Après cet événement, l’artiste se transforme en star nationale et commence à apparaître dans plusieurs magazines célèbres.
Photo de couverture de la série "Hiromix Works"
En 1996, Hiromix publie son premier livre « Girls Blue » mais c’est avec son autre ouvrage Hiromix que la photographe commence à se faire connaître en Occident. Deux ans après, elle reçoit le prix Kimura Ihei pour son livre « Hiromix Works ». Dans celui-ci, on retrouve une compilation de photographies prises pendant son parcours en tant que photographe pour le magazine Rocking On. Elle publie d’autres livres, toujours autour des questions d’identité, de communauté, de genre et du quotidien.
La série « Seventeen days » est sûrement la plus représentative de l’œuvre de l’artiste japonaise. En s’inspirant du format de journal intime utilisé majoritairement par les jeunes filles de l’époque, ses clichés reflètent la vie adolescente à tous ses niveaux. Le style instauré par cette série de photos devient vite une mode auprès des lycéennes. Les jeunes filles prennent l’habitude d’emporter un appareil photo pour capturer chaque instant de leur quotidien.
Photo de la série "Seventeen days"
« The daily life of a 17-year-old high school student is full of danger. Radical days. Passing days. A sadly pitiful world. Why is love painful. ROCK IS MY LIFE. I’m scared that I’m getting closer to becoming an adult. I live, reflecting upon myself. »
Photo de la série "Seventeen days"
L’œuvre d’Hiromix est l’une des premières artistes à populariser la « photo candide » dans le monde de la photographie. À travers un clair désintérêt pour la technique, ses clichés nous font penser à ce qu’on pourrait voir aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
À travers cet article, on découvre des photographes qui reviennent souvent à l'essence de leurs modèles, sans aucun artifice ni décor. Parfois crus, tristes ou arrogants, leurs portraits ont le pouvoir de révéler des épisodes de la vie d’un proche, d’un inconnu ou de l’artiste elle-même. Art engagé ou non, elles veulent représenter l’humain tel qu’il est.
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