Cyrielle Bisson - 24 Juillet 2019
Cette semaine, The Art Cycle vous présente l'interview de Pierre Soufflet, artiste peintre amiénois.
Entre son univers coloré et ses silhouettes atypiques, l’artiste nous immerge dans ses créations aux frontières du rêve. Le maître mot ? Laisser son imagination dériver, et surtout ne pas prendre l’art pour une réalité.
Mes sources d’inspiration résident principalement dans l’art africain, l’art océanien, les Tribus Dogon et les tribus Asmat. J’ai d’abord collectionné les masques et les boucliers, ce qui m’a amené à commencer la sculpture avant de prendre le chemin de la peinture.
J’ai connu les masques africains dans une galerie à Amiens lorsque les arts primitifs n’étaient pas encore devenus à la mode (propulsés par le Quai Branly). J’ai particulièrement apprécié l’humilité des sculptures, et je me suis identifié à elles.
Il n’y a aucun lien, j’ai tout simplement eu l’agrégation puis j’ai finalement changé d’avis.
L’art m’a permis de sortir des sentiers battus de l’éducation et de me mettre un peu en danger. J’ai troqué un poste dans ce domaine et appris la sculpture en autodidacte à la place. Le meilleur formateur pour apprendre à faire des sculptures en papier bulle, c’est vous-même. Par la suite, j’ai transformé mes dessins et croquis de sculptures en véritables œuvres.
Mes références sont Jean Dubuffet (Peintre & sculpteur français) , Antonio Saura (Peintre Espagnol), Basquiat (Peintre Américain), Robert Combas (Peintre & sculpteur français).
J’aime l’art brut, c’est ce qui me parle en temps qu’autodidacte. C’est un univers coloré et audacieux qui permet de toucher les gens rapidement.
C’était à Pékin en 2017.Un agent s’était pris d’amour pour mon travail et m’avait acheté environ 50 toiles et dessins. Il a loué un hangar entier pour exposer mes œuvres.
« Brut ». Mes toiles possèdent à la fois une partie brute et une autre détaillée et fine. J’obtiens ce contraste en mélangeant les aplats de couleur et les feutres acrylique très fins.
Ce n’est pas une toile mais un bronze, qui s’appelle « l’homme élancé », qui fait partie d’une série exposée à Amiens. Cette œuvre représente à la fois énormément de travail mais également le souvenir d’une rencontre avec un bronzier extrêmement doué.
Après avoir fait une pause pendant quelques mois, je souhaite refaire des portraits, revenir aux bases de mes créations artistiques. Il s’agirait de portraits bruts sur bois, le support changerait donc. Comme je le dis très souvent, « mon inspiration c’est les rayons de Brico Dépôt », j’essaie toujours de trouver de nouveaux matériaux et se remettre en question.
C’est précis, ça serait l’ancien musée d’art et d’Océanie de Tervuren dans la banlieue de Bruxelles. Je parle évidemment de l’ancien musée, un peu rétro avec ses vitrines en verre.
Je n’apprécie pas vraiment la scénographie des nouveaux musées axés sur l’anthropologie, les explications à rallonge sous les œuvres etc… Au fond les civilisations primitives ne se posaient pas toutes ces questions, il n’y a pas besoin de mode d’emploi pour décrypter l’art.
Ce que je fais ne se prête pas à un engagement quelconque, tout comme je ne vois pas l’intérêt de titrer de manière élaborée.
J’ai une collaboration actuelle avec une créatrice de mode irakienne (Ginan Abbas). Elle habite Dublin et fait des robres à partir d’imprimés pour sa marque Golden Stich.
Toujours dans la collab’ pourquoi pas des vitraux ? Je suis fasciné par les artisans d’art de manière générale.
J’aime énormément les subversifs comme Cioran et son syllogisme de l’amertume par exemple. Dans la même époque je peux aussi vous parler de mon auteur phare : Céline. Il ne fait pas l’unanimité, principalement pour son côté infect et ses propos houleux. Pourtant avec Céline on aboutit à une réflexion intéressante sur l’art, si on dissocie le personnage de ses écrits.
C’est très ludique, rapide et simple. Lorsqu’on peint plus rapidement, on redessine et on étend les limites du monde de l’art. On ne doit plus créer de manière académique, avec un tas de savoirs. Cependant cela reste indispensable si on veut se perfectionner dans un domaine. Étant autodidacte j’ai tout appris par moi-même, jusqu’à toucher mes propres limites. J’ai alors rebondi, et continué sur ma lancée en débouchant mes tubes d’acrylique.
L’avantage serait la liberté des thèmes, et le développement du réseau.
L’inconvénient d’être un artiste, c’est parfois la solitude. On fait également plein d’essais d’œuvres qui ne fonctionnent pas toujours.
Le rouge sans hésiter.
La référence, c’est une série de commandes pour un acheteur chinois. J’ai réalisé tous les animaux du zodiac chinois pour lui, et puis j’ai dévié, varié et peint une grenouille.
J’essaie toujours de travailler les yeux et la bouche au maximum. Pour moi ce sont les éléments les plus intéressants de mon travail.
Bon courage, moral d’acier et ne vous prenez pas au sérieux.
J’ai fait beaucoup de choses en plus des maths. Mais pourquoi pas bronzier ou ébéniste ? J’ai aussi écrit des nouvelles mais je n’ai pas poursuivi dans la littérature. J’ai choisi la peinture pour raconter une autre histoire.
Je travaille un peu partout, et j’utilise ce qui me tombe sous la main, c’est à dire papier bulle, métal, acrylique, poscas, le bois, et plein d’autres choses...
Concernant le lieu, je travaille un peu partout chez moi : atelier, salle à manger, jardin… Ce qui revient sans cesse, c’est ce tapis maculé de peinture qui protège mes sols quand je travaille.
Cela fait référence au quai Branly et sa scénographie muséale très froide. Au lieu d’être direct et clair avec le visiteur, le musée du quai Branly s’enterre dans les textes abscons, bien loin de l’art africain notamment.
« Ne perds pas ton temps à faire des maths ! »
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