css templates

Flavia Manyari - 17 mars 2022

Mobirise

Il y a deux semaines, The Art Cycle s’est rendu dans l’atelier de l’artiste peintre Jeanne de Guillebon dans le 20e arrondissement. C’était l’occasion parfaite d’en savoir plus sur son parcours et ses inspirations, tout en découvrant son lieu de création : le café-atelier Dorothy.

• • • Son parcours
Mobirise

Issue d’une formation d’arts appliqués, Jeanne de Guillebon a suivi des études de design d’espace à Olivier de Serres dans le 15ème. Au fur et à mesure de sa formation, elle se rend compte qu’elle préfère peindre et dessiner, et quitte l’architecture d’intérieur.

Elle décide alors de faire une année de césure, rejoint une association qui envoie des volontaires vivre en cité pour y proposer des activités et services, ce qui lui permet d’initier les jeunes de cité à l’art, en vivant directement avec eux. « On s’occupait des jeunes de la cité et on organisait des ateliers de modelage et de peinture. Ces ateliers m’ont vraiment marquée. »

En parallèle, Jeanne découvre l’art-thérapie. « J’ai rencontré cette même année des art-thérapeutes, puis je me suis renseignée pour faire des formations (et c’est comme ça que je me suis formée à l’art thérapie). J’ai à la fois le côté arts appliqués et art-thérapie. »

L’artiste parisienne, aux styles divers, nous raconte qu’elle s’est aussi formée auprès du peintre André Jude, qui a fait l’école d’Etampes et pratique la peinture à l’huile. Cette technique correspond à une partie de son travail. L’autre partie, autour des corps et du modèle vivant, se développe avec sa participation régulière à des ateliers libres.

• • • L'art thérapie, c'est quoi ? 

Depuis 2018, Jeanne pratique l’art-thérapie à travers les arts plastiques. « On accompagne généralement des personnes qui ont des troubles de la communication, mais ça peut aussi être plus large. Par exemple, je travaille souvent avec des personnes âgées qui ont des problèmes de mémoire et de démence. J’ai aussi travaillé avec des enfants qui sont en décrochage scolaire. Le but, est que, par l’art, ces personnes puissent faire quelque chose de leurs mains et se sentir valorisées. L’art touche, entre autres, les émotions, la mémoire et la concentration. On adapte en fonction des besoins de chaque personne. »

• • • ses inspirations
Mobirise

Les inspirations de Jeanne sont multiples. Elles viennent principalement des peintres et d’artistes qu’elle admire, mais également parfois de ses lectures. Ayant des origines corses, le soleil et la méditerranée sont aussi deux choses qui la marquent.

« Quand je manque d’inspiration, visiter une exposition aide à me renouveler et trouver de nouvelles idées. »

« Parfois, je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est en fait un mélange de différents artistes, d’images emmagasinées, d’émotions et d’idées qui trottent dans la tête. »

• • • LE PASSAGE DE L'ARCHITECTURE À LA PEINTURE
Mobirise

                                                                  "Attente" de Jeanne De Guillebon

« Je me souviens d’un cours en particulier à Olivier de Serres, où on devait aménager un jardin. En nous voyant tous bloqués sur le projet, notre professeure, qui pratiquait aussi la peinture et le chant, nous a fait faire des exercices de respiration, puis une séance de peinture pour nous aider. Les indications étaient les suivantes : « Imaginez le jardin que vous avez envie de faire pour votre projet et peignez librement sans trop réfléchir ». J’ai adoré ce moment, notamment pour le fait de peindre en grand format. »

« Je me suis mise à peindre directement au couteau. C’est une peinture que j’ai gardée et qui m’a inspirée pour d’autres ensuite. »

• • • ses techniques artistiques
Mobirise

Jeanne est une artiste qui travaille différentes techniques notamment la peinture à l’huile, la linogravure et le dessin de modèles vivants.

« Je fais de plus en plus de la peinture à l’huile. Au début, j’utilisais surtout la peinture acrylique. »

« Je fais des silhouettes de femme en linogravure. C’est la technique de gravure la plus simple et la plus abordable. Ce que j’aime de la linogravure, c’est le fait de creuser et de simplifier le dessin pour que cela fonctionne. »

« Je fais aussi beaucoup de dessins de modèles vivants où j’utilise la craie, la sanguine et des crayons à papier assez gras. »

• • • SON INTÉRÊT POUR LE CORPS HUMAIN
Mobirise

« Depuis le début, le corps est quelque chose qui me fascine. C’est ce qu’il y a de plus compliqué à peindre et dessiner, parce qu’il faut comprendre comment tout s’imbrique, les volumes, etc. Et d’un autre côté, c’est ce qu’il y a de plus vivant et dur à capter. »

« Même si les modèles posent, il arrive que ce soit des poses en mouvement, il faut donc réussir à capter l’attitude ou l’expression très rapidement. C’est très ambitieux mais passionnant. »

« J’aime aussi faire les natures mortes comme un entraînement, et aussi comme défi pour ne pas les rendre ennuyeuses, mais leur donner un aspect vivant. »

Bien que ses portraits soient principalement réalistes, certains sont aussi des caricatures. « Le but, c’est qu’ils dégagent une émotion On doit pouvoir retrouver les expressions de la personne. »

• • • le café-atelier dorothy, un lieu de partage
Mobirise

Facade de l'atelier Dorothy

Le Dorothy, café-atelier du 20e arrondissement, a ouvert il y a 4 ans à l’initiative de bénévoles. L’idée de départ était d’ouvrir un lieu ayant à la fois un pôle social, en accueillant des personnes du quartier, et intellectuel, à travers principalement des formations et des conférences.

Parmi ceux qui l’ont lancé, l'on retrouve des philosophes et littéraires. Ils voulaient y inclure une dimension manuelle, au travers des ateliers initiations à la plomberie, à l’électricité ou encore à la menuiserie.

« Au début, j’étais dans l’équipe de bénévoles. On ne pensait pas avoir un lieu aussi grand donc en découvrant tous ces espaces on s’est dit qu’on pouvait en faire des ateliers s d’artistes. Je n’avais pas d’atelier, et je peignais plutôt de chez moi, mais à un moment deux des filles de cet atelier m’ont proposé de me joindre à elle. Maintenant, je ne suis plus bénévole dans l’association, mais je viens principalement pour travailler dans l’atelier. »

• • • L'ORIGINE DU NOM DOROTHY
Mobirise

                                                                  Photographie de la journaliste américaine Dorothy Day

« Celui qui a lancé le lieu s’est inspiré de Dorothy Day, une femme américaine dans les années 30 qui s’est battue pour toutes les formes de pauvreté. Elle était journaliste et communiste au début puis a eu tout un cheminement. Elle a ensuite rencontré Pierre Maurin (« un pacifiste français expatrié »), qui était aussi impliqué dans la lutte contre la pauvreté. Ensemble, ils ont ouvert une maison où ils accueillaient des personnes pauvres pour leur donner à manger et à leur trouver des vêtements. » 

• • • son processus de création
Mobirise

Jeanne nous raconte le processus de création de ses peintures de paysages.

« Le but est de capter la lumière à un moment donné, et les bons volumes. À part certains paysages qui sont imaginaires, toutes mes peintures sont peintes sur le motif. »

« Généralement, je peins dans la journée, minimum en 3 heures et maximum en 5 ou 6 heures, et je fais rarement de retouches. »

Aujourd’hui, Jeanne travaille avec 3 autres artistes dans son atelier. Elles se retrouvent parfois à plusieurs, ce qui leur permet d’échanger sur leurs peintures.

Pendant l’entretien, elle évoque également sa collaboration avec Camille, une céramiste faisant partie du Dorothy. En effet, en mai 2021, Jeanne et Camille ont collaboré afin de réaliser des vases et des assiettes. Cette collaboration a donné suite à une exposition d’un mois en octobre 2021 qui a été un succès.

« Je n’avais jamais peint sur céramique. L’avantage de peindre sur céramique est que la peinture utilisée appelée l’engobe est une peinture à l’eau, donc si jamais tu te trompes, tu peux facilement passer un coup d’éponge et recommencer. » 

• • • ÊTRE ARTISTE POUR JEANNE

« C’est une manière de s’exprimer, comme quelqu’un qui est musicien ou écrivain, on a besoin que ça sorte. Au début, il faut oser se lancer, j’avais un peu peur car je me disais que je n’allais pas pouvoir forcément en vivre. Mais plus tu avances et oses, plus tu te rends compte qu’il y a des portes qui s’ouvrent à toi, comme cette collaboration. Ce qui est beau, c’est que maintenant je me dis que je n’aurais pas le temps de faire tout ce que j’ai envie de faire. Un jour, tu vas avoir envie d’exposer à tel endroit, puis tester cette technique avec telle personne, peindre tel sujet, c’est hyper riche. Tu découvres plein d’artistes aussi, des visions différentes de l’art et de la vie. Il y a bien sûr des moments durs, comme les périodes où on manque d’inspiration. Mais le moment que je préfère c’est une fois que j’ai mon idée et que je peux me mettre à peindre. »

• • • deux oeuvres : le pont marie et céramiques
Mobirise

« Céramiques  » de Jeanne De Guillebon

« Ça peut avoir un côté un peu ennuyant les natures mortes, c’est pour cela que j’essaie de les travailler pour leur donner une sorte de mouvement. L’idée de ce tableau est venue après ma collaboration avec Camille. Je lui ai demandé si je pouvais peindre certaines de ses pièces que j’aime. »

« Je ne dessine pas mes idées, je peins directement. Je commence par les ombres, et je fais la composition. Au fur et à mesure j’ajoute les tons de plus en plus clairs. » 

« Pont Marie  » de Jeanne De Guillebon

« Je suis allée avec une amie, sur les quais en dessous de l’île Saint-Louis avec la vue sur le pont Marie. On s’est installées sur l’un des quais les plus calmes pour y peindre. » 

Mobirise
• • • LE MOT DE LA FIN

Rencontrer Jeanne dans son atelier nous a permis de découvrir son parcours, son univers artistique ainsi que son investissement dans le projet de café culturel associatif du Dorothy.

Merci encore Jeanne pour cette belle rencontre et ce bel échange.

PARTAGEZ CET Article ! 

Vous aimerez aussi !