Flavia Manyari - 21 Juillet 2022
Crédits photographies KATHIA SAUL @kathialala
Il y a quelques semaines, The Art Cycle a échangé avec Deborah Bettan, artiste peintre et architecte basée en Dordogne. Durant cet échange, nous avons pu discuter de ses nombreuses inspirations et de son attirance pour le corps humain et les couleurs.
Issue d’une formation en arts appliqués à Paris, Deborah a par la suite été admise à l’École nationale de Versailles. Diplômée architecte en 2013, elle exerce aujourd’hui son métier aux côtés de son mari au sein de leur agence « Lagom Architecte ». Durant cet entretien, Deborah nous raconte comment l’art a toujours été omniprésent dans son quotidien.
« Je peins et dessine énormément. L’art m’a toujours collé à la peau depuis que je suis petite. Depuis le collège puis le lycée, avec l’option arts plastiques, c’est vraiment une pratique qui ne m’a jamais quittée. Et depuis quelques années, j’essaie de développer cette pratique qui me plait énormément. Aujourd’hui, mon atelier de peinture à la maison me permet de me plonger davantage dans la peinture et le dessin. »
Crédits photographies KATHIA SAUL @kathialala
La principale source d’inspiration de Deborah est la nature. « C’est un peu contradictoire, parce que je représente énormément le corps, mais finalement ce qui m’inspire c’est tout ce qui m’entoure : la nature. […] Les paysages, le rapport à la terre, le ciel, les arbres, tout ça c’est vraiment inspirant. »
L’artiste trouve aussi son inspiration dans les images picturales de corps. « Il y a beaucoup de travaux de photographes qui m’inspirent énormément. Par exemple, Instagram, je trouve que c’est une belle plateforme au niveau de la création et des profils créatifs. Je suis beaucoup de photographes et de modèles vivants de nus. Il y a beaucoup de belles photos qui sont très inspirantes. »
Finalement, elle conjugue ces deux éléments avec une inspiration quotidienne, de ce qu’elle voit à l’extérieur et des images qui l’entourent.
Crédits photographies KATHIA SAUL @kathialala
« Ça commence dans la tête, il y a des images qui arrivent, des collages un peu naturels, des choses qui sont à la fois conscientes et inconscientes. Par la conscience, c’est repérer des belles photos qui nous plaisent, et par l’inconscience, c’est de les modifier, de les coucher sur le papier. La peinture devient alors un exutoire »
Pendant notre échange, Deborah nous raconte qu’elle se promène toujours avec un carnet à la main, en effet, c’est durant ses trajets dans le train, que nombreux de ses croquis et futurs tableaux naissent. « Je les dessine d’abord en petit, pour pouvoir me poser tranquillement dessus après. »
Ensuite, tout se passe dans son atelier. « J’utilise beaucoup l’aquarelle et les encres. Tranquillement, je vais venir sur le papier, avec mes couleurs, mes encres, mes inspirations, et les croquis que j’ai fait avant, et puis là ça commence à naître tout doucement. Avec une technique où je laisse sécher les différentes couches. Je viens avec les couleurs les plus claires et les moins intenses, et aussi avec beaucoup d’eau. Puis je termine avec les couleurs plus fortes, qui viennent contraster l’ensemble. »
Crédits photographies KATHIA SAUL @kathialala
Ayant grandi avec deux parents médecins, l’intérêt de Deborah pour le corps humain est apparu très tôt dans sa carrière. « Je pense que j’ai vraiment une attirance naturelle pour le corps humain. Étant donné que j’ai grandi avec ça, j’en ai beaucoup appris sur le corps et sur son fonctionnement. Mon père est cardiologue, donc tout ce qui touche à l’intériorité, au fonctionnement biologique, c’est une notion que je conscientise chaque jour et particulièrement dans la pratique de mon art. Du coup, je pense que c’est vraiment naturel. C’est une sorte d’obsession. »
Pour l’artiste, le corps humain est l’entrée principale vers l’art. « J’aime les attitudes, les postures, et le biais de la couleur, ça me permet de sculpter le corps par la lumière. Ça peut être juste des détails : des plis, de la peau, un regard, etc. Et tout ça, c’est toujours dans la recherche d’une esthétique, d’une émotion. »
Quant à la couleur bleue, pour Deborah, il s’agit surtout d’une sorte de fascination. « J’ai eu une belle formation en Histoire de l’art. Au lycée et pendant la suite de mes études : il y a des images qui m’ont marquée. Tout le monde connaît le bleu d’Yves Klein, ce bleu très profond. Et du coup de retrouver ce pigment, quand je travaille, c’est quelque chose qui me plait énormément et qui fait vibrer tout de suite la peinture. »
Crédits photographies KATHIA SAUL @kathialala
L’art influence la pratique d’architecte de Deborah au quotidien. « Dans mon métier d’architecte, on travaille beaucoup les intérieurs, et donc on créé également des émotions par la recherche d’une esthétique à travers le dessin d’espaces, de mobiliers, etc. Il est primordial de s’influencer de choses extérieures et plus larges : comme les arts, l’histoire de l’art, les artistes et la nature : ça vient nourrir cette pratique d’architecture. Je crois fondamentalement au croisement des disciplines. Dans l’autre sens, ça marche un peu moins. Dans ma peinture, j’ai quelque chose de beaucoup plus libre qui me manque en architecture où il faut une certaine rigueur. »
Corps à coeur de Deborah Bettan
« L’idée principale de ce tableau était d’utiliser plusieurs images que j’ai collées et inversées de deux photographes totalement différents et de positions qui me plaisaient beaucoup. Comme j’ai aussi pratiqué la danse, c’était aussi de faire ressortir le mouvement et la fluidité des corps. L’assemblage des deux était super naturel, la courbe faisait que les corps s’enlacent presque sans se toucher : d’abord le croquis puis le papier, avec un orange très puissant et ce bleu qui se rapproche de celui du Klein. »
Flower Kiss de Deborah Bettan
« Dans cette peinture, c’est la notion d’hybride entre le corps et la nature qui est très importante. C’est une notion que j’aimerais plus développer quand j’aurais plus de temps. Ici, on a le corps d’une femme nue et quelque chose sur sa tête qui n’appartiendrait pas du tout à un corps et qui viendrait hybrider le côté naturel du corps humain. J’aime bien le contraste entre les deux. Ce sont toujours les mêmes pratiques, l’aquarelle, les encres, et la technique du layering. »
« La liberté qu’il procure. La sensation d’être au plus proche de là où il faut que je sois »
« Le corps, le mouvement, l’émotion »
Deborah est une artiste qui se distingue dans sa simplicité à représenter les corps et les couleurs.
Si ses portraits révèlent surtout un intérêt particulier pour le corps humain, les peintures de Deborah s’inspirent de la nature et de ce qui l’entoure.
Merci Deborah pour cette belle rencontre et ce bel échange.
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